E.P.U.d.F. Le Foyer du Peuple

Église Protestante Unie de France - Lille Fives

Confession Luthérienne et Réformée

Une rencontre qui change la vie
Hier et aujourd’hui ?
Appeler et être appelé
...UN AVEUGLE...

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Aujourd'hui, c'est l'histoire d'un aveugle mendiant, qui nous est proposée. Un aveugle qui nous apparaît dés le début  comme bien singulier, bien à l'écart.

 

Une foule sort,  passe, grande nous dit le texte, avec un mot qui pourrait nous conduite à comprendre suffisante. Une foule suffisante passe.... suffisante, par sa taille, suffisante par sa satisfaction d'être à la bonne place, sur le chemin, avec Jésus, sans doute.

 

A côté de la foule, sur le bord du chemin, un aveugle. Insuffisant lui. Un aveugle tellement insuffisant  qu'il mendie et ne peut faire que cela de sa vie. Un aveugle qui est à la mauvaise place, sur le bord du chemin, tout seul.

 

*

 

La foule passe, elle entoure  Jésus. Jésus de Nazareth. Elle est contente de ce Jésus, sans doute puisqu'elle en parle assez pour que notre ami Bartimée en aie connaissance.

 

Ce qu'elle dit, ce qu'elle ébruite, sans doute sa suffisance, son contentement, d'avoir trouvé en ce Jésus un maître un peu plus sage que les autres, un guérisseur un peu plus efficace aussi, peut-être. Un Jésus qui leur convient, qu'ils jugent positivement.

 

Bartimée, lui, crie, tout seul, depuis son insuffisance. Il la crie même, son insuffisance, il mendie, il a l'habitude :   « Fils de David, aie pitié de moi ! ».

 

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« Fils de David, aie pitié de moi ! »

 

Bartimée ne demande pas d'argent ici. Il ne considère pas Jésus comme quelqu'un pouvant lui donner une pièce. Il ne demande pas non plus la sagesse ou le bien être dont il est privé et qu'un super maître ou guérisseur pourrait lui apporter.

 

En appelant le Fils de David, c'est le messie  qu'il appelle, celui qui doit venir sauver le peuple de Dieu. Et accomplir rien de moins que la pitié. Pas cette pitié hautaine dont on se moque dans les cours de récréation en disant « tu fais pitié », mais la vraie pitié,  la fidélité de Dieu à son alliance, sa bonté, son amour indéfectible.

 

Alors oui, notre aveugle ici, semble bien perspicace.... notre aveugle seul semble bien plus voyant que la suffisante foule. Un drôle d'aveugle, un aveugle qui voit l'essentiel, sûrement avec son cœur, sûrement comme Moïse, sur le Mont Nebo, voyant face à cette ville de Jéricho, la terre promise.

 

C'est quelque chose de nouveau, l'accomplissement de la promesse qui est offert en Jésus aux mendiants que nous sommes. Le salut vient à nous en Jésus montant à Jérusalem pour passer par la croix et la résurrection. Étrangement, c'est un aveugle qui, ici, le voit. Étrangement, c'est un aveugle qui crie, pour recevoir ce qui est ici, offert.

 

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« Courage, lève-toi », répondent les foules à cette demande criante, après avoir rabroué notre ami Bartimée. 

 

On peut interpréter ces paroles de différentes manières, et penser que les foules changent d'attitude par rapport à l'aveugle.  Je pense plutôt, au contraire, la foule cohérente, dans sa condescendance satisfaite avec son « courage, lève-toi » …

 

Peut-être est-elle condescendante, comme on l'est avec ceux qui restent au bord des routes de la vie et qu'on considère souvent pour cela comme incapables, endormis, fainéants.

 

Courage, bouge-toi donc un peu ! Fais un peu comme tout le monde, fais l'effort de faire comme tout le monde, fais l'effort de faire comme nous puisqu'on te le demande !

 

*

Mais le mot qui signifie « courage » signifie aussi « confiance » et je crois en effet que c'est d'une confiance immense que l'aveugle fait ici preuve.

Lui habitué à ne rien espérer d'autre pour le futur que cette mendicité qui était le sort des aveugles, lui qui devait avoir autant de peine à envisager l'avenir qu'à percevoir ce qui se trouvait juste devant ses pieds, lui qui dans ces conditions se trouvait incapable d'avancer au sens propre, comme au figuré, se lève, d'un bon et avance. Il laisse son manteau, cette protection, cette vie d'avant et va vers celui qui, il le sait, il l'a vu, va le sauver.

 

Courage, lève-toi, donc, réveille-toi ! dit la foule à l'aveugle. Mais le mot qui signifie « se lever, se réveiller », voudra aussi dire ressusciter. Il voudra dire cela un peu plus tard. Quand Jésus, ayant rejoint les mendiants que nous sommes sur nos routes humaines jusqu'à la croix, sera relevé. Quand, au bout de cette route qui part de Jéricho vers Jérusalem, nous serons sauvés.

 

 

Avec cet aveugle, avec Jésus, à la sortie de Jéricho, cette insuffisance que nous pouvons nommer de bien des noms parce qu'elle nous concerne tous, celle qui parfois pèse tant qu'elle devient désespoir est rejointe. Par Jésus  nous serons, par Jésus, nous sommes relevés.

 

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« Qu’est–ce que tu veux ? Qu’est–ce que je peux faire pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Maître, fais que je retrouve la vue ! »

 

La question que pose Jésus, peut nous sembler idiote. Comment un aveugle pourrait-il ne pas vouloir voir ?

 

Parfois, pourtant, avouons-le, il est bon de ne pas voir ce qui nous dérange. Et la chose est très prégnante lorsqu'il s'agit de Dieu. Un livre dont j'ai oublié le nom qui s'adresse à ceux qui aimeraient croire en Dieu sans y parvenir commence d'ailleurs par inviter son lecteur à se demander comment il perçoit Dieu.

 

Nous avons tous une image de ce que Dieu doit être, que nous soyons croyants ou pas. A partir de cette image, nous parlons de Dieu., bien souvent sur le mode du jugement, en exprimant, comme la foule de l'histoire, notre contentement ou notre mécontentement. En exprimant, en fait, des illusions, souvent portées collectivement.

 

Nous les entendons d'ici, ces jugements. Dieu aime les gens bien, les méchants paieront, il les rendra peut-être aveugles !  Dieu aime les gens bien, et moi, je n'ai rien fait de mal. Ou encore, si Dieu existait, il n'y aurait pas tant de misère. Ou encore « la morale du Dieu des chrétiens n'est vraiment pas assez moderne » !

 

*

Frères et sœurs, je crois que cet aveugle qui s'attend au salut de Dieu, cet aveugle qui le voit venir en Jésus nous interroge puissamment sur ce que nous attendons de Dieu.

 

Comme ces foules, nous pouvons juger que Jésus, le nazaréen a fait une religion qui nous semble pas mal, avec un Dieu assez sympa pour que nous y adhérions. Ou juger, de la même manière, à partir de nos conceptions, que le Dieu de cette religion ne nous convient pas.

 

Comme l'aveugle, nous pouvons aussi retrouver la vue. Pas pour regarder nos illusions, nos rêves à satisfaire, mais pour regarder, en Jésus, le salut de Dieu. Mais pour rencontrer, en Jésus, Dieu, non tel que nous voudrions qu'il soit, mais tel qu'il est, dans notre vie, telle qu'elle va, pas toujours facile. Nous sommes prévenu, si c'est le choix que nous voulons faire et refaire, chaque jour, il nous faudra bien, de la confiance.

 

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« Aussitôt il retrouve la vue et il se met à suivre Jésus sur le chemin »

 

Ce qui  s'est passé, dans cette histoire, c'est une rencontre. Jésus a rencontré Bartimée et Bartimée a rencontré Jésus. Une relation nouvelle est née, qui a changé, ouvert, relevé la vie de Bartimée...

 

Le titre  donné à ce texte aux groupes de maison était « appeler et être appelé ». La question en effet se pose à nous qui voulons croire. Comment cette rencontre et cette grande confiance a-t-elle pu se produire ? Est-ce qu'elle a été provoquée par les cris de Bartimée ? Ou par le passage de Jésus ? Par la réponse de Bartimée ? Ou par la question de Jésus ?

 

La théologie réfléchit à cette question depuis 2000 ans, et je dois dire que je pense que ni l'expérience ni la Bible ne nous permet de trancher cette question. Qui cherche trouve, et celui qui cherche reconnaît finalement qu'il a été trouvé.

 

Nous ne résoudrons pas cette question aujourd'hui. Mais je pense que le dialogue que nous voyons s'engager dans ce passage est important à garder en mémoire.

 

Jésus n'a pas parlé de Bartimée, il ne l'a pas jugé. Il l'a rejoint, où il était, il est passé, il l'a questionné, lui, personnellement. Bartimée, en retour n'a pas parlé de Dieu, il a parlé à Jésus, il lui a dit, son besoin, son insuffisance, son désir de salut. Il a demandé de l'aide. Il aura sûrement l'occasion, plus tard, de lui dire ce qui n'ira pas, ce qui n'ira plus...il suivra Jésus, à travers la souffrance de sa passion, puis la joie, de sa résurrection.

 

Puissions-nous simplement apprendre, un jour et chaque jour à nouveau à dire cette petite phrase :

 

« Fils de David, Jésus, mon Seigneur et mon roi, aie pitié de moi ».

 

                                                                              Amen.

Une rencontre qui change la vie

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